Interview de Neto : Le technicien brésilien Carlos Eduardo Bizzocchi

Interview de Neto : Le technicien brésilien Carlos Eduardo Bizzocchi

26 avril 2021 0 Par Neto

Carlos Eduardo Bizzocchi (58 ans) est un ancien joueur de volleyball en salle et entraîneur de volleyball brésilien. Il possède un beau palmarès, notamment en tant qu’Entraineur Principal, il a dirigé Sollo/Tietê, il a gagné l’Or au Championnat Sud-Américain des clubs (1996), et en tant qu’assistant du coach principal de l’Equipe Féminine du Brésil, il a gagné l’Or aux Jeux Olympiques de Barcelone (1992) et à la Ligue Mondiale (1993). Il a travaillé aux côtés des meilleurs entraineurs, en particulier avec Bernardinho, le futur Sélectionneur de l’Equipe de France qui prendra la place de Laurent Tillie après les Jeux Olympiques de Tokyo. C’est donc un fin connaisseur du Volley-Ball mondial que Neto est allé interviewer.

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Comment analyser l’arrivée de Bernardinho en aux rênes de l’Equipe de France ?
Je crois que la Fédération Française a fait le bon pari. Il est l’un des meilleurs et aussi l’un des plus techniques au monde. Si la France veut arriver au sommet, il en a l’habitude et il en connaît déjà le chemin. C’est un Entraineur qui donne la priorité à l’engagement, au dévouement et à la discipline. Je vois un mariage parfait, parce que – de loin – l’Equipe de France manque un peu de tout cela. Je ne dis pas que l’Equipe Tricolore en est dénuée, mais pour être championne, c’est ce que Bernardinho peut lui apporter. Je vois un moment délicat dans les relations – d’après ce que nous savons de loin – avec des problèmes entre certains athlètes expérimentés et la nouvelle génération qui arrive pour former une équipe qui commence à avoir tendance à quitter l’état d’excellence qui l’a caractérisée. Il est temps d’unir leurs forces et d’essayer de monter sur le podium à Paris 2024 qui arrive dans 3 ans. C’est-à-dire que les plus âgés peuvent encore contribuer de façon décisive et que les plus jeunes injectent un sang renouvelé dans l’équipe.

Comment observez-vous cette migration des Brésiliens (joueurs et entraîneurs) vers la France ?
Nous vivons dans un monde globalisé dans lequel cela doit être compris comme normal. Les nationalismes sont progressivement repoussés par des frontières qui ne devraient pas être restrictives, mais inclusives. La France gagne avec l’arrivée de Bernardinho, et lui-même y gagne de son côté. C’est équitable. Je ne vois pas, comme beaucoup, une perte, mais un gain dans l’échange d’expériences. Si aujourd’hui il y a un meilleur étranger qui est parmi nous, c’est parce que nous pouvons apprendre de lui. Cela arrive aujourd’hui avec les entraîneurs argentins au Brésil. C’est une façon de se demander : Pourquoi ne produisons-nous pas des professionnels du même niveau ? Qu’est-ce qui les distingue des nôtres ?

 
Est-il possible de faire une comparaison entre la nouvelle mission de Bernardinho et le travail développé par Bebeto de Freitas ?
Une comparaison, non. Mais l’influence est indéniable, comme avec Zé Roberto Guimarães (Coach de l’équipe féminine du Brésil). Tous deux étaient des athlètes ou des collègues, des assistants et des fans de Bebeto. Bebeto était révolutionnaire et tous deux ont continué avec cette philosophie d’innover, de chercher à faire différemment dans la formation, dans la tactique, dans la révélation des joueurs, dans le courage.

Bebeto de Freitas a été un important joueur de volley du Botafogo, ayant conquis onze titres de champion de l’État de Rio de Janeiro consécutifs entre 1965 et 1975. Bebeto a été ensuite entraîneur emblématique de volley au Brésil. Il a notamment dirigé l’équipe de la « génération d’argent » (Equipe du Brésil de Volley-Ball, médaille d’argent aux Jeux olympiques de Los Angeles en 1984), ainsi que la sélection italienne de volley entre 1995 et 1998, qu’il a mené au titre mondial.

Source Wikipedia

Comment observez-vous le travail accompli en volley-Français au cours de ces neuf années d’entraîneur Laurent Tillie ?
Laurent Tillie est parmi les meilleurs au monde. Contrairement à ce qui avait été fait auparavant lorsque la France était déjà respectée, surtout après la Coupe du Monde 1986, la France est devenue candidate aux titres principaux. Ce n’est plus une sélection qui fait partie des favoris. Depuis se sont révélés des joueurs spectaculaires tels que Earvin Ngapeth, Benjamin Toniutti, Stépen Boyer, Nicolas Le Goff, Jénia Grebennikov, Antonin Rouzier, entre autres.

Y a-t-il des favoris pour les Jeux Olympiques de Tokyo ? Que pensez-vous du potentiel de l’Equipe de France à cette compétition ?
Je crois que la France aura un parcours difficile dans le groupe B (Brésil, Russie, Etats-Unis, Argentine) : Une de ses équipes ne pourra pas accéder aux quarts de finale. Si la France passe, elle pourrait être à la 4ème place du groupe et ensuite vous allez chercher probablement l’Italie ou la Pologne en provenance du groupe A. Ca ne sera pas simple, mais vous avez l’avantage de jouer dès le premier tour avec des équipes fortes. Habituellement, le Champion Olympique sort de groupes forts à l’étape de qualification. Pour moi, le titre est entre le Brésil, les États-Unis, la Russie, la Pologne et l’Italie, et aujourd’hui je vois la Russie et la Pologne plus fortes.

Neto