Les interviews de Neto : Marcelo Fronckowiak, le nouveau coach brésilien de Tours Volleyball

Les interviews de Neto : Marcelo Fronckowiak, le nouveau coach brésilien de Tours Volleyball

8 mai 2021 0 Par Neto

Cette fois-ci, le plus brésilien des membres de la Team Block-Out interroge le Coach Principal Marcelo Fronkowiack (53 ans, natif de la magnifique ville de Porto Alegre). Marcelo n’est pas un inconnu de la scène internationale et du paysage volleyistique française, en tant que joueur ou en tant qu’entraineur notamment lorsqu’il a pris en main Tourcoing Lille Métropole (TLM Volley) en 2004-2005 et en 2008-2009. Il revient sur le sol français pour l’un des plus prestigieux clubs, Tours Volley-Ball (TVB).

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Bonjour Marcelo, pour commencer notre entretien, j’aimerais que tu nous racontes brièvement ta première expérience en France.
Bonjour Neto, écoute ma première expérience en France, elle était très importante pour moi. C’était la première fois de ma vie que je sortais du Brésil. J’étais reconnu pour mon parcours au Brésil, c’était la première fois que j’étais Entraîneur Principal d’une équipe brésilienne, ULBRA avec qui j’ai été Champion du Brésil puis Vice-Champion la saison suivante. Et là, j’ai été invité à Tourcoing Lille-Métropole par Dimitri Piazzetta qui était dans le staff du club. J’ai alors rencontré toute la famille de Pierre Demortier, le Président Fondateur du club. Ca a été une expérience incroyable pour moi, pour ma femme, et mes deux enfants Edouardo qui avait 7 ans, et Pedro qui avait 3 mois. Et nous avons décidé, pas simplement de faire faire un voyage en France pour le volley ball, mais aussi pour apprendre la culture française. Et ça a été une vraie réussite.
Je voudrais tout simplement dire une petite chose sur mon premier voyage en France. Moi, j’étais sûr et certain quand je suis arrivé en 2004, que la France pouvait faire des résultats importants. Si vous reprenez mes interviews à l’époque, j’ai été très clair sur le volley français, il était capable de cette réussite internationale et j’étais comme un prophète (sourire) parce que moi, j’ai bossé comme un malade. A tourcoing, j’ai réussi à construire une belle structure, c’est un des clubs mieux organisés, avec une organisation dédiée au sport, des salles de musculation, etc… Ça a été ma conbtribution du savoir brésilien à la France, c’est-à-dire améliorer un peu une dynamique déjà bien lancée, et après la France a tout cassé. Et je suis fier d’avoir été présent en France à ce moment où les choses se construisaient par Philippe Blain, par pas mal de gens, par Laurent Tillie qui a presque tout réussi. Alors moi, je suis conforté sur mon choix d’aller en France afin aussi de m’améliorer.

Est-il possible de faire une comparaison du volley-ball français entre les deux périodes, ton premier passage et celui d’aujourd’hui ?
Quand je suis arrivé, la France avait fait un podium aux Championnats du Monde 2002 en Argentine, elle avait fini troisième après un superbe parcours. La grosse différence pour moi, c’est que le niveau du volley français a continué à monter et parce qu’il était déjà très fort dans les années 80. Après, peut-être pas autant dans les années 90, mais c’était toujours une très belle école de volley. En ce moment, l’Equipe de France a gagné pas mal de podiums sous la houlette de Philippe Blain. Et là, Laurent Tillie arrive et il explose tout. Parce que la France est maintenant un pays qui, au-delà, de sa belle école, est capable de gagner des titres. Alors, je pense que les “chapardeurs” français est très important dans le milieu du volley mondial, la France continue à faire de beaux résultats au niveau européen, et au niveau mondial. Pour moi, ça va être un vrai plaisir, une grande responsabilité de rentrer en France.

Comment s’est passée ta dernière expérience en Pologne ? Est-il possible aujourd’hui de faire une comparaison entre ces ligues ?
Mon expérience en Pologne a été très bien, même si j’ai coaché une équipe qui était censée toujours se battre pour le maintien, l’objectif a été pleinement réussi. On a vécu les deux dernières saisons d’une façon très difficile avec la crise sanitaire, la saison 2019-2020 a été interrompue. Et cette dernière saison, nous avons eu beaucoup de problèmes. On a été comme une petite équipe vraiment sous pression tous les temps, et il y avait un moment du Championnat, avec la télévision et la PlusLiga, etc… Ils ont fait pression pour jouer, pour jouer, pour jouer, parce qu’il fallait que les matchs soient retransmis à la télé. Et il y avait un moment où on avait cinq matchs d’avance par rapport à d’autres équipes. On a joué des matchs super importants pour notre parcours sans certains joueurs atteints Covid-19, et il nous a manqué 3 ou 4 points pour aller en playoffs. Nous avons réussi à faire un bon résultat, même si nous avons eu plus de défaites que de victoires. Si on analyse les budgets, notre club avait toujours le plus petit budget du Championnat ces trois dernières années. Ca démontre la capacité du groupe et la qualité du travail. Pour reprendre la question sur la comparaison entre les ligues. Oui, il est possible de les comparer, même si la Ligue Polonaise a beaucoup plus d’argent que la Ligue Française, ce sont des championnats similaires, il y a beaucoup d’équipes de bas de tableau qui sont capables de battre les équipes de haut de tableau. Mais c’est vrai qu’avec la victoire de ZAKSA Kędzierzyn-Koźle en Ligue des Champions. Cependant, je pense que les Championnats de Pologne et d’Italie sont les plus relevés au Monde.

Quelles sont tes attentes à Tours et quels sont les objectifs pour la saison ?
Mes attentes et les objectifs de Tours sont toujours très clairs. Tour est là pour gagner, Tours Volley-Ball est là pour la vraie réussite du volley français. L’image de cette réussite dont je parle, en parallèle avec l’équipe de France, est représentée aussi par la réussite du Tours, deux fois Champion d’Europe (Ligue des Champions et Coupe de la CEV), 8 fois Champion de la Ligue A Masculine et 10 fois vainqueur de la Coupe de France. Il y a toujours cette pression, cette attente de résultats, de réussite, de soif de titres et ça ne peut pas être différent, pour moi.

La saison précédente du TVB a été difficile, penses-tu que le manque d’une foule chaleureuse a fait une différence ?
La saison du TVB a été difficile. Oui, mais je pense que le club a payé aussi le résultat d’une situation difficile, d’une pandémie, du Covid, d’une saison sans supporteurs à la Salle Grenon de Tours. C’est toujours difficile de jouer contre le TVB parce que leurs supporters sont toujours très présents et très chaleureux. Ils attendent beaucoup de leur équipe. C’est une nouvelle vraie ville de volley, en plus avec une vraie culture du volley dans la région. Le volley, c’est le sport phare, au niveau de résultat. Et je pense que le manque de résultats était lié aussi la foule absente. Il manquait beaucoup d’ambiance et en plus, Tour n’était pas épargné par les blessures. C’est-à-dire, il y avait pas mal de joueurs importants qui, à un moment donné, étaient blessés et c’est arrivé très proche des Quarts de Finale contre Chaumont. Même si la saison n’était pas au top, Tours était toujours présent, et maintenant à nous de faire d’une façon différente, avec le public à Grenon !

Peux-tu parler des qualités de ton équipe ?
La nouvelle équipe de Tours, beaucoup de joueurs restent et je pense que c’est important. Elle a déjà une dynamique à reprendre. Si on parle de résultat, même s’il y a une certaine frustration, cette équipe était capable de faire de belles choses ces deux dernières saisons. Certains restent, c’est très bien, et avec l’arrivée de Kevin Tillie, avec l’arrivée d’autres joueurs qui vont être annoncés dans la Presse, je pense qu’on aura un effectif assez important et capable de répondre à toutes les attentes des supporters, et des partenaires du club. Je vois Tours Volley-Ball fort pour la saison prochaine.

Comment évalues-tu le Championnat de France ?
Le Championnat de France est très, très fort pour moi et il est dans les trois championnats les plus forts. Quand on parle de championnat fort, on doit parler d’investissement, on doit parler de budget, alors il n’y a pas photo. La Plusliga de Pologne, la Superligue Russe et la Ligue A d’Italie, il y a beaucoup d’argent. Il y a beaucoup plus d’argent qu’en France. Par contre, je ne vois pas au même niveau des équipes de bas de tableau et les équipes de haut de tableau, à l’exception, comme je l’ai dit, du Championnat de Pologne. Par contre, si on regarde les Championnats d’Italie et de Russie, sur le papier, les budgets des clubs, on peut prédire certainement en partie les quatre clubs en demi-finales, etc… Contrairement en France, par exemple, cette dernière saison. Et ça, c’est exactement ce que je suis en train de dire, je vois pas mal d’équipes qui ont été entre guillemets de petites équipes et qui maintenant passent un cap, après avoir amélioré leurs structures, leur salle des sports, leur organisation, etc… La compétition en France est très, très ouverte. Je pense que tout le monde parlait d’un Montpellier qui a tout cassé pendant la saison régulière et malheureusement, ils n’ont pas réussi à arriver en finale. Et c’est ça, la beauté de la Ligue A Masculine, c’est ça, la difficulté du Championnat de France. Cambrai a eu une saison incroyable, et qui, au départ, aurait prédit qu’ils arriveraient en demi-finale du Championnat de France. Après, je parle à cette question, c’est pareil en Ligue B Masculine. Même en Ligue B, c’est incroyable, le niveau général, le niveau de dispute, le niveau des matchs qui se sont produits week-end après week-end. C’était très beau et c’était très bien. Et là, je place le championnat français dans les trois ligues les plus difficiles en ce moment.

Parlons International : Quelles sont les attentes pour les deux grandes compétitions de l’année, la Ligue des Nations et les Jeux Olympiques ? Quels sont tes favoris ?
Alors, à cette question-là, liée aux équipes nationales, c’est très différent, Neto. Ca a été une situation que nous avons connue une saison complète avec le Covid, sans match, sans compétition internationale. Ca va être dur pour tout le monde de rester concentré sur les compétitions cibles. Je pense que la Ligue des Nations (VNL) sera un très bon exemple pour les Jeux olympiques, même si elle sera plus longue. Moi, j’ai un peu peur par rapport aux blessures, par rapport à l’usure. Il faut bien répéter aux gens qui sont en train de nous lire que la compétition à Rimini, en Italie, se fera sur un mois et toutes les équipes seront concentrées, fixées sur le même endroit, etc… Les séquences de match seront importantes. Même s’il n’y a pas de déplacement, c’est pas mal, c’est bien pour le rythme. Je pense quand même que les plus grandes équipes qui seront à Rimini, en Italie, pour la Ligue des nations auront à cœur de bien se préparer pour les Jeux Olympiques d’été, c’est ça le plus important pour la saison. Et par contre, comme j’ai dit avant au fait qu’il a pas mal de choses qui ont changé par rapport à la situation Covid et l’absence de compétition, peut-être que le niveau ne sera pas au plus haut de ce dont on pouvait attendre.

Avez-vous un dernier mot pour les fans du TVB ?
Un mot pour les supporteurs de Tours ? Bah écoute, j’ai hâte de les retrouver à Salle Grenon. Il y a un groupe de supporteurs qui s’appelle Intenable (Int’Nable), je pense que c’est comme ça qu’on dit, intenables, et avec qui j’ai pu vivre des matchs contre Tours en tant que coach de Tourcoing, je savais combien c’était difficile de jouer contre le club et ses supporters. Et j’espère que les supporters seront notre septième homme, cette pièce fondamentale pour mettre la pression contre les adversaires. Mais de toute façon, j’espère bien construire, de bien travailler, ce qui va nous permettre de donner une sécurité, une fierté à nos supporters. Et je pense qu’on a un gros boulot dès le départ pour mettre en confiance l’équipe et pour mettre en confiance le club et ses supporteurs. Ensemble, nous allons réussir le challenge qui se présente.

Neto