Bastien de 100% Volley-Ball Français : “Je vais arrêter de chercher à promouvoir le volley”

Bastien de 100% Volley-Ball Français : “Je vais arrêter de chercher à promouvoir le volley”

22 décembre 2020 0 Par BlockCat

Block-Out s’intéresse aujourd’hui à Bastien, créateur de 100% Volley-Ball Français (VBF), un passionné qui a su médiatiser le volley-ball dans l’hexagone grâce à la démocratisation des réseaux sociaux tels que Facebook et Instagram. Bastien avait des messages à passer, nous lui avons laissé la parole libre sous la forme d’une interview, il y répond sans filtre.

Bonjour, pourrais-tu te présenter ?
Bonjour, je m’appelle Bastien et j’ai 23 ans. Je suis le gérant de 100% Volley-ball Français que j’ai créé il y a un petit peu plus de 6 ans, je gère cette page, seul depuis le départ.

Comment est venue l’idée de créer cette Page Facebook ?
Il y a un peu plus de 7 ans, avec mon cousin on a eu l’idée de partager notre passion du sport en créant une page Facebook où on parlerait de l’actualité du sport. Lorsqu’il est arrivé en terminal ne pouvait plus trop prendre du temps pour faire vivre la page avec moi, je ne voulais pas continuer notre “délire” sur cette page sans lui alors j’ai décidé d’en créer une autre mais de me concentrer uniquement sur le volley-ball, mon sport préféré.

Peux-tu nous décrire l’évolution de la page 100% Volley-Ball Français, son parcours depuis sa création ?
Au début je suis entré en contact avec un maximum de joueurs pros pour leur parler de ma page et du projet de promouvoir le volley. Forcément, ils étaient tous heureux de voir un jeune de 16 ans qui cherchait à promouvoir le volley et leur travail, ils ont donc tous suivis la page, partagé des posts, invité leurs proches à suivre la page… Afin de poursuivre la progression je me suis mis à parler du volley féminin ainsi que du beach-volley. Les bons résultats de l’équipe de France masculine en 2015 (Ligue Mondiale et Championnat d’Europe) m’ont aidé à avoir une meilleure audience, je gagnais plus de 50 nouveaux abonnés par jour. Depuis environ 2 ans j’essaye de promouvoir le volley pour tous (volley assis et volley sourd).

Quelles sont les grandes réussites que tu as pu voir et vivre durant ces dernières années ?
J’ai eu la chance d’avoir une accréditation pour le final 4 de la Ligue des Champions 2018/2019 à Berlin, d’assister à plusieurs rencontres de grandes nations et grands clubs mondiaux, de pouvoir échanger avec de grands joueurs/joueuses, entraineurs, dirigeants et agents. De pouvoir collaborer avec des radios, des médias, ou encore des marques de vêtements de volley. Le fait de parler avec les plus grandes personnalités du volley français et mondiale restent ma plus grande fierté, certaines personnes avec qui j’ai pu échanger sont mes idoles, sans 100% VBF je n’aurais surement jamais pu parler avec eux.

Quel regard portes-tu aujourd’hui sur le volley-ball français au niveau national ?
Je trouve que les clubs de Ligue AM et Ligue AF progressent bien, globalement ils cherchent à se structurer, les championnats pros sont de plus en plus homogènes. Les clubs performent bien en CEV Cup et en Challenge Cup, en Ligue des Champions c’est plus compliqué, la marche est encore trop haute. Au niveau de la Ligue B j’ai du mal à comprendre l’intérêt d’un championnat à 9 équipes, je pense qu’il faut revoir cette deuxième division, se servir de ce championnat pour aider les jeunes français à avoir du temps de jeu à haut niveau. Je ne trouve pas juste que le président de la LNV soit le président d’un club professionnel et que le président de la FFVB soit l’ancien président de ce même club. On a déjà pu constater que ça apporte des conflits d’intérêts. Au niveau du secteur jeune j’ai du mal à comprendre que les tirages au sort de coupe de France ne se fassent qu’une semaine ou deux avant les week-ends de compétitions. Que ça soit la LNV ou la FFVB j’aimerais que les deux présidents soient à l’écoute des différents présidents de clubs et qu’ils arrêtent de faire passer leur intérêt avant ceux des clubs.

Que penses-tu du volley-ball français au niveau international aujourd’hui ?
Au niveau international on voit la France différemment, ça se voit. Les clubs étrangers regardent la Ligue A car ils savent que les clubs français forment bien et qu’on aide les joueurs à franchir un palier important. C’est aussi pour ça qu’on a de plus en plus de mal à conserver des joueurs. Du côté féminin, c’est un peu moins le cas mais ça commence à le devenir avec les départs de Lucille Gicquel, Julie Oliveira Souza, Juliette Fidon-Lebleu et Alexandra Dascalu dans des tops championnats mondiaux. Du côté des sélections c’est la même chose, les joueurs de Laurent Tillie font peur, c’est une nation importante aujourd’hui, capable de faire des podiums. Chez les femmes, le groupe est jeune, il progresse année après année, il y a beaucoup plus de concurrences entre les joueuses, c’est ce qui va les pousser à travailler plus et ainsi elles progresseront. Au niveau du beach-volley, les équipes de France sont invités à Tenerife pour préparer leur saison, c’est le meilleur endroit pour le beach volley, les meilleures paires masculines et féminine y sont. Les deux paires féminines et Ayé / Gauthier-Rat ont été invité cette année à participer au tournoi d’exhibitions King Of The Court, ça montre bien que le beach français se montre davantage et que les joueurs et joueuses s’appliquent dans leur travail. Depuis un an on a une équipe de Snowvolley, elle n’est pas encore professionnelle et a besoin de structurer quand on sait que les joueurs ne sont pas au même endroit et donc ne s’entrainent jamais tous ensemble. Un secteur où on est encore loin des grandes nations c’est le para-volley : Comment la fédération a pu renvoyer Stéphane Girodat quand on connait la qualité de son travail depuis des années, que ça soit avec son club de Sarrebourg mais aussi pour le développement du volley-assis à travers l’hexagone. Si les résultats n’étaient pas là pourquoi pas, mais ce n’est pas le cas.

De ton point de vue, quelles améliorations simples et rapides auraient pu être apportées pour le développement du volley-ball français ?
La première chose serait déjà d’écouter les présidents de clubs, comme je l’ai dit tout à l’heure, écouter, échanger, comprendre, respecter. Ce sont les clubs qui permettent à la Fédération d’exister. Arrêter de penser à son nombril et être honnête, accepter que d’autres personnes puissent avoir une opinion différente. Il faut chercher à promouvoir le volley.

Si on fait cette interview c’est aussi parce que tu as pris une décision importante au sujet de 100% Volley-ball Français…
En effet, j’ai pris la décision de mettre un terme à 100% Volley-ball Français : La page va disparaître et je vais arrêter de chercher à promouvoir le volley. C’est une décision qui a été difficile à prendre mais qui est murement réfléchie. Quand j’ai créé la page je ne m’attendais pas à me faire insulter par des membres de la Fédération, à ce qu’ils s’en prennent à mes proches ou à ce qu’ils me mettent des bâtons dans les roues. J’avais créé la page justement pour aider la fédération à promouvoir le volley, en 6 ans j’ai réuni plus de 47000 personnes, alors que 100% VBF n’est qu’une page bénévole, je n’ai jamais gagné d’argent avec la page, j’ai fait des milliers de kilomètres pour aller voir des matchs et échanger avec des acteurs du volley français, qu’ils soient pros, amateurs ou encore jeunes. L’argent pour faire les déplacements vient de ma propre tirelire, jamais j’ai demandé à être remboursé, j’ai accepté de le faire par passion, par envie de bien faire, c’est ce que font les bénévoles présents dans chaque club et pour moi, ils ne méritent pas d’avoir le retour que j’ai eu. Un bénévole donne gratuitement de son temps, de son énergie et de sa passion, en échange il mérite au minimum qu’on lui dise “merci”. Les politiques du volley français ne sont pas les seuls responsables pour autant, gérer comme il faut la page me prend du temps, mais aujourd’hui, il faut que je pense à moi, j’ai une vie en dehors du volley, j’ai une vie de famille, une vie professionnelle, je suis chef d’entreprise et je dois penser aux choses qui sont, pour moi, plus importantes.

Seras-tu toujours proche du volley-ball français ?
Proche oui mais beaucoup moins. Je me rendrai de temps en temps en tribunes quand la situation sanitaire le permettra, je vais suivre les résultats et les équipes de France. Il y a des joueurs et des joueuses que j’apprécie vraiment, en tant que sportifs ou sportives mais aussi en tant que personnes, je veux suivre le parcours de ses différentes personnes. Et puis en tribunes ou via les réseaux sociaux j’ai pu faire connaissance avec pas mal de monde, j’aimerai rester en contact avec eux également. Mon travail fait que je vais être amené à échanger avec certaines personnes du volley-français, donc il faudra forcément que je reste connecté avec le volley français.

Comment vois-tu le futur du volley-ball français ?
Ca me fait mal de le dire mais je pense que tant qu’il y aura les mêmes personnes au pouvoir, les choses n’avanceront pas, les intérêts personnels passeront avant, la dette continuera de s’accentuer, malheureusement des clubs amateurs vont mourir et les licenciés seront toujours de moins en moins nombreux. En revanche, je pense que les clubs pros continueront de performer sur la scène européenne et je ne serai pas surpris de revoir un club français remporter une Coupe d’Europe dans les saisons à venir. Je pense que les équipes de France de beach-volley continueront de progresser et parviendront à faire régulièrement des TOP 10 sur des tournois 4* et 5*.

Quel sera ton futur proche et à plus long ?
Je vais penser à moi et mes proches, passer plus de temps avec eux, me concentrer aussi sur ma vie professionnelle qui me prend du temps et de l’énergie. J’ai pas mal de projets pros qui arriveront après la crise sanitaire.

Merci pour cet échange, Bastien. As-tu un dernier message à faire passer ?
J’aimerai remercier toutes celles et ceux qui ont suivi la page, ceux qui sont là depuis le début tout comme les plus récents, c’est incroyable d’avoir pu rassembler autant de monde alors que la France n’est pas une terre de volley. Je souhaite bonne continuation à toutes et à tous, une belle carrière aux athlètes, aux entraineurs, aux membres de staffs. Aux supporters de continuer de suivre leur équipe favorite, de soutenir les équipes de France. Je voudrai aussi remercier ITS avec qui je passe tous les lundis à la radio depuis 3 ans, les médias Block-Out, Planète Volley, Paroles de Sports, Autour du Sport, La Feuille de Match, A Travers Le Sport, les marques de vêtements Yellov, Volleyball Emotion, Beachteam et Direct-Volley avec qui j’ai pu collaborer.

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